Un saut vers le futur
- 15 oct.
- 3 min de lecture
Cette histoire se déroule en 2054...
Dans le quartier de Jonah, le 4x4 Psychiatrique de couleur vert sauge est maintenant facilement reconnaissable de loin, tout comme l'étaient les autos jaunes de La Poste autrefois. Ces véhicules, spécialement équipés de professionnels de la santé mentale et de policiers non armés, font des rondes, afin d’éviter les drames et autres accidents : ils répondent à toute décompensation psychique, ils interviennent dans les conflits domestiques, ils donnent des soins et font des contrôles de bien-être chez les personnes vulnérables.

Depuis 2042, par un simple appel téléphonique, l’U.S.P 133 peut être notifiée par les habitants de plusieurs villes de France, en cas de besoin.
Il est 16h43, quand Jonah, un homme de 40 ans assez réservé et qui réside dans un vaste complexe d'appartements, entend ses voisins du dessous hurler des insultes. Cela fait un moment qu'il s'inquiète pour eux, car leurs disputes sont fréquentes.
Depuis les récentes modifications de la loi, toute perturbation prolongée doit être signalée, ce qui permet aux spécialistes de la santé mentale d'intervenir avant que certaines situations ne dégénèrent.
Peu serein, Jonah décroche son téléphone et compose le 133.
« 133, Unité de Soutien Psychiatrique », répond le répartiteur d'un ton calme et bienveillant.
« Bonsoir, j’appelle au sujet de mes voisins du dessous », dit Jonah la voix basse, bien qu'il soit seul dans son appartement. « Il y a beaucoup de cris et de bruits d’éclats d’objets. Ça a l'air grave cette fois, je pense. »
« Merci de nous avoir prévenus, monsieur. Nous allons envoyer une unité immédiatement. Veuillez rester dans votre appartement s’il vous plaît. »
Quelques minutes plus tard, le 4x4 psychiatrique arrive avec des lumières douces, comparées aux rouges et bleus austères des voitures de police. Jonah regarde l'équipe s'approcher de son immeuble par la fenêtre de la cuisine et court coller son oreille à la porte d’entrée pour entendre les voix des professionnels qui s'adressent à ses voisins. Les cris cessent rapidement, comme c'est souvent le cas lorsqu'on est confronté à une médiation et à une présence calme. Au bout de quelques instants, Jonah aperçoit ses voisins se faire escorter au 4x4. L’homme et son fils montent à l’arrière de bon gré. La porte se referme derrière eux et le 4x4 démarre, vraisemblablement en direction de la clinique spécialisée pour une évaluation ou à un endroit sûr, le temps qu’une solution soit trouvée pour eux.
Jonah est soulagé, il n'y a eu ni arrestations, ni violences.
Plus tard dans la soirée, il reçoit un appel du 133. Une voix aimable le remercie pour sa vigilance et lui assure sans abuser de détails, que l'incident est résolu.
Jonah raccroche, il se sent vraiment reconnaissant envers ce nouveau système qui simplifie la vie. Il espère que ça perdure.
Depuis que le système U.S.P 133 existe, les incidents violents diminuent positivement, et les gens osent demander de l'aide, sans craindre d'être traités injustement, incompris, invalidés ou mis en danger.
Enfin allongé sur son canapé, Jonah reprend son magazine sur la psychologie moderne. Il lit l'histoire d'une femme dont la vie a été sauvée grâce à l’intervention rapide du 133, ce qui a permis à une situation domestique de ne pas devenir mortelle. L’article réveille le souvenir de sa propre soeur, qui a dû contacter l’U.S.P 133 l’année dernière, car elle souffrait d’une dépression post-partum et n’avait plus l’envie de vivre.
Jonah pose son magazine et médite sur le fait que les incidents liés à la santé mentale se finissent souvent très mal. Selon lui, ce n’est pas seulement à cause de l’étendue des troubles et difficultés des individus concernés, mais surtout car les soins psychiatriques ne sont pas accessibles à tous. Le manque de ressources dans cette branche médicale est l’une des cause, mais il y a aussi l’usage généreux de la force et malheureusement, il prend parfois le dessus sur les situations de désamorçages. De plus, nous ne sommes pas tous ouverts à la recherche de soutien au niveau de notre santé mentale.
« Par contre, la déduction fiscale qui opère après chaque appel n'est pas négligeable » se dit Jonah en souriant…
Fin.
Merci pour ta lecture d'Un saut vers le futur et à très vite.
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