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Ton burn-out, avant le mien

  • 15 oct.
  • 5 min de lecture

Fabien s'appuya sur l’îlot de la cuisine, l'épuisement de la journée pesant sur ses épaules. Ses yeux se posèrent sur la télévision, où il regardait à moitié un documentaire sur le burn-out dans les entreprises européennes. Il était sur le point de tout éteindre, lorsque quelques phrases retinrent son attention : fatigue, manque de motivation, difficultés à trouver du plaisir dans des choses qui semblaient intéressantes auparavant, sautes d’humeur, et plus.

Il se redressa, se sentant inconfortable en lisant les mots à l'écran.


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Ces derniers temps, il se sentait tout simplement au ralenti, et la lutte qu’il menait pour répondre aux exigences de son travail ne faisait qu'aggraver la situation. Ellie était la seule chose qui comptait.

Soudain, un détail attira son attention, il entendit le présentateur du documentaire mentionner : « Les enfants peuvent autant souffrir de burn-out, surtout à l’école, il n’y a pas d’âge prédéterminé ». Son cœur se serra. Il songea alors à sa petite fille Ellie, qui semblait renfermée et épuisée depuis un bon petit moment déjà, accablée par ses devoirs scolaires et passant son temps libre à lire, plutôt qu'à jouer comme elle le faisait auparavant. Fabien eut attribué ce changement à une phase, peut-être même à un défi habituel suite à une nouvelle année scolaire ou à une puberté précoce. Pourtant, à cet instant précis, une image différente se forma dans sa tête.



Oubliant ses propres difficultés, Fabien saisit son iPad et commença à chercher des articles sur l'épuisement scolaire des enfants. En lisant les symptômes, il ressentit un mélange de panique, mais aussi de méfiance : troubles du sommeil, irritabilité, maux physiques, changement d’appétit et appréhensions fortes à l'idée d'aller à l’école.

Ce fut bien le comportement récent d'Ellie, présenté sous forme de texte et appuyé par deux psychiatres et deux psychologues apparemment.

« Comment ai-je pu manquer ça ? » Se questionna-t-il, l’autoflagellation s'emparant de lui. Il aurait dû s'en apercevoir plus tôt ; Ellie était tout pour lui et il ne pouvait supporter une réalité où elle se battait seule, face à quelque chose qu’elle ne comprenait peut-être pas.

Il eut envie de l’aider hâtivement de tout son coeur, mais il ne savait pas par où commencer. Ellie avait possiblement besoin de voir quelqu’un, comme l’indiquaient les résultats du moteur de recherche. Quelqu’un qui pourrait l'aider à accueillir ses émotions, ses questionnements ou ses humeurs pesantes. Tout à coup, une autre crainte l’envahit : et si Ellie pensait qu'il suggérait que quelque chose n’allait pas chez elle, qu’elle était anormale ou que tout était de sa faute ?

Plein de culpabilité, il décida d'appeler sa meilleure amie, Aurélie.

Aurélie était calme et ne tournait jamais autour du pot, elle avait toujours été là pour le guider dans les moments difficiles. Quand il lui expliqua sa prise de conscience et ses craintes au sujet d'Ellie, Aurélie l’écouta attentivement, puis lui dit : « Fabien, je m’inquiète pour toi aussi, tu sais. Tes ressentis ne sont pas si différents d’Ellie. Je ne suis pas professionnelle, mais en voir serait une bonne idée à considérer, non ? Je ne savais pas comment aborder le sujet avec toi, j’eus trop peur que tu penses que je juge ta façon d’être en tant que parent… ».

Fabien prit une grande inspiration. Il ne lui était pas venu à l'esprit que ses proches auraient pu remarquer qu’il n’allait pas vraiment bien ces derniers mois. Si Ellie et lui étaient tous les deux en difficulté, peut-être avaient-ils besoin l'un de l'autre pour s’épauler.

Aurélie lui suggéra d'envisager une psychothérapie familiale, plutôt que des rendez-vous individuels au début. De cette façon, Ellie ne se sentirait pas seule, elle serait en sécurité et ils pourraient entamer ce voyage ensemble.


Le lendemain matin, Fabien en parla à Ellie d'une voix légère et rassurante.

« Princesse, serais-tu d'accord pour que nous allions voir un psychologue ensemble ? Tu sais... Juste pour comprendre les émotions ou pensées qui te travaillent ces temps-ci. J’ai remarqué que certaines choses te tracassaient. Je t'expliquerai tout à l'avance et je t'ai même acheté quelques livres sur la façon dont on pourrait mieux communiquer à l’avenir. Je m’inquiète pour toi et pour être honnête, si tu ne vas pas bien, papa a raté quelque chose, ma chérie… Halte-là, demoiselle ! Sais-tu ce qu'est un psychologue au moins ? Tu es tellement intelligente, que parfois, j’oublie que tu n’as que dix ans et demi », lui sourit Fabien.

Ellie le regarda pensivement, ses yeux fatigués s'illuminant légèrement pour ensuite emprunter son accent digne d’un épisode des chroniques de Bridgerton : « Bien sûr cher père, le psychologue étudie la façon de penser, de se sentir et de se comporter d'un point de vue soporifique et applique ses connaissances en vue d'aider les personnes à comprendre, à expliquer et à modifier leurs comportements… Tu doutes de mon intelligence ? », demanda Ellie d’un air sournois et si amusant pour son père.

« Je n’en doutais point chère fille, mais j’admire encore plus ta capacité à faire des recherches si rapidement sur Internet… Soporifique ? Je crois que tu as lu trop vite, ma petite SCIEN-TI-FI-QUE », s’esclaffa Fabien en récupérant le smartphone collé au dos de sa fille et caché par sa main gauche.

Ellie regarda le sol, soudainement timide « Tu as remarqué que quelque chose n'allait pas chez moi ? », ajouta-t-elle d’une voix triste « Je suis vraiment désolée, papa. Je ne t'ai rien dit parce que je ne voulais pas t’inquiéter, mais en tout cas, même si je viens d’apprendre ce qu’est un psychologue SCIEN-TI-FI-QUE, je suis d’accord pour essayer, mais je ne saurai pas quoi dire, j’ai peur », dit-elle en lui serrant la main.

À cet instant, le cœur de Fabien se serra pour sa fille et il se précipita vers elle pour la serrer dans ses bras et lui assura immédiatement que tout allait bien. Il ajouta qu’il s’inquiétera toujours pour elle, car c’est aussi le rôle d’un parent. Les mots suivants ont eu l’air de rassurer Ellie après quelques minutes : « Il n’y a rien qui cloche chez toi, tu n’as absolument pas provoqué ce que tu ressens de douloureux et je m’excuse profondément de ne pas t’avoir parlé de la santé mentale plus tôt ».

Fabien et Ellie allaient s'en sortir. Ils étaient peut-être tous les deux épuisés pour l'instant, mais au moins, ils étaient là l'un pour l'autre, comme ils se l’étaient toujours promis. Et peut-être, juste peut-être, que tout allait rentrer dans l’ordre assez vite.

Aux premières notes de la sonnerie de leur maison, Fabien et Ellie se mirent automatiquement en position de starting-block, afin de courir jusqu’à la porte d’entrée pour savoir qui pouvait bien sonner chez eux à cette heure-ci. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas fait leurs petites courses improvisées du soir.

La porte s’ouvrit avant de déterminer le gagnant ou la grande gagnante. Ellie et Fabien entendirent cette fameuse voix pleine d’assurance, mais toujours soutenue d’une grosse dose de bienveillance : « Oui, oui. C’est bien moi. Maintenant que mamie est là, j’aimerais savoir pourquoi je dois apprendre par Aurélie, que mon fils et ma seule petite fille n’ont pas le moral depuis quelque temps ? », Ellie et Fabien se regardèrent, puis serrèrent Adeline dans leurs bras.


Fin.

Merci pour ta lecture de Ton burn-out avant le mien et à très vite.


Ce récit est une oeuvre de pure fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

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