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La planète part en vrille

  • 15 oct.
  • 3 min de lecture

Assise sur le balcon de son loft à Annecy, Aurore contemplait le lac immaculé qui s'étendait en contrebas. L'eau, d'un calme parfait, reflétait la lueur du lever du soleil, tandis que l'air frais, mais pollué, portait les échos feutrés des rues bordées de cafés et de boutiques. Un paysage idyllique, et pourtant, elle se sentait si oppressée.


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À ses côtés, Maxime, son frère jumeau, s'appuyait sur la rambarde de verre, une infusion à la main, repensant aux actualités du jour :

— Sécheresse en Éthiopie…

— Inondations au Bangladesh…

— Record de chaleur au Brésil…

Il soupira en secouant la tête : « C'est de pire en pire ! »

Aurore resta silencieuse. Que pouvait-elle répondre ? Tout lui semblait pesant ici, comme si la vie était trop simple d'une certaine manière.

Ayant dû suivre leurs parents dès 7 ans, Aurore et Maxime avaient grandi dans des contrées où l'eau se rationnait, où les hôpitaux débordaient de patients sous-alimentés et où les enfants toussaient la poussière d'une terre en agonie. Cela leur avait permis de devenir des personnes sensibles à la dégradation de la planète, ce qui est positif, certes, mais ils se sentaient si impuissants. Ce qu'ils accomplissaient ne leur semblait jamais suffisant.

« Je sais, je sais », répondit Aurore d'un air découragé.


La veille, leur mère les avait appelés pour essayer de les réconforter : « Mes chéris, vous ne pouvez pas porter le poids du monde sur vos épaules. Je sais que votre conscience vous pèse, mais vous devez aussi vivre. Vous faites de votre mieux, et ce n'est pas parce que la vie est différente à Annecy qu'elle doit vous consumer tout entier. Je sais que vos activités associatives sont nombreuses, que vous avez un voyage humanitaire le mois prochain et que la plupart de vos dépenses se consacrent aux autres, mais quand même, vous mettre tant de pression affecte aussi votre santé mentale. »

Maxime finit par poser son infusion, puis se frotta le visage : « Il faut faire quelque chose ! »

Aurore hocha la tête. « Mais quoi ? Maman nous a parlé hier, en plus. »

Il réfléchit un instant, le regard perdu à l'horizon : « On change de méthode ? On crée notre propre association, on fait de la sensibilisation à travers différents médias ? Après tout, on n'a pas besoin d'être en Érythrée pour agir, non ? ».


Pour la première fois depuis leur arrivée à Annecy, il y a deux semaines, Aurore s'imaginait également aborder les difficultés écologiques et sociales d'une nouvelle manière, mais à une condition : « Par contre, j'aimerais aussi que nous commencions à suivre les conseils de maman et que nous vivions nous aussi de notre côté. Tu te rends compte de tout ce que nous manquons ou refusons de faire, car participer à la destruction de notre planète nous anéantirait. »

Maxime regarda sa sœur droit dans les yeux, puis lui dit : « On pourrait essayer. C'est vrai que les angoisses, les nausées, tout cela commence à devenir difficile à vivre. Si j’avais une condition ce serait qu’on ne touche pas à la voiture de papa dans le garage, on prend les transports en commun ou on s’prend des vélos, c’est tout. T’es OK ? »

« Bien sûr frérot » lui répondit sa soeur, sentant un petit stress monter tout de même.

Le monde continuait de partir en vrille, mais Aurore et Maxime ne pouvaient pas en faire plus. Ils se contenteraient de faire de leur mieux pour améliorer la qualité de vie de tous.



Fin.

Merci pour ta lecture La planète part en vrille et à très vite.


Ce récit est une oeuvre de pure fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

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