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Calme toi ! Pt.1

  • 14 oct.
  • 2 min de lecture

#TW


« J’ai vécu pire et j’suis pas mort ! ».


Alors qu’elle entendait cette phrase pour la millième fois, Léa éprouvait toujours la même sensation désagréable dans sa poitrine. C'était une déclaration aussi fréquente que les taches de café sur son agenda de bureau. Aujourd'hui, elle a entendu ces mots de la part de son supérieur, M. Carvé, un homme totalement dépourvu d’empathie.


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« Léa, je ne comprends pas le problème », a-t-il affirmé en écartant d'un geste la demande d'une journée de repos. « À ton âge, je tenais deux emplois, je dormais à peine et je ne me plaignais pas pour autant. J’ai vécu pire et regarde moi, je suis plus vivant que jamais ! ».

Léa a esquissé un sourire poli et s'est excusée, les pensées troublées. Elle se dirigea vers le lounge et s'appuya contre le comptoir, observant la vieille cafetière qui crachotait comme si elle avait également des ressentiments à exprimer. Ses mains tremblaient, non pas en raison de la caféine, mais à cause de l'épuisement qui s'insinuait dans ses os et lui murmurait qu’un jour de repos ne suffirait pas à améliorer sa situation.


Cette phrase la tourmentait tel un mantra de rejet. Sa mère avait prononcé quelque chose de similaire, au moment où Léa lui avait confié qu’elle avait des attaques de panique de temps en temps. De plus, son amie Jenna l'avait écartée d'un geste désinvolte lorsque Léa avait exprimé des réticences à se rendre à un gala très sélect à Strasbourg. « Allez, Léa, certaines personnes ont traversé des guerres quand même. J’ai supporté ce genre de gala pendant des années et je ne suis pas morte. Tu peux faire l’effort de venir hein ! ».

Le problème résidait dans le fait que la survie n'était pas l'objectif que Léa souhaitait atteindre. Bien qu'elle fût en vie, n'y avait-il pas mieux à réaliser que de se lever chaque jour avec la sensation de s'enliser dans des sables mouvants ? N'existait-il pas autre chose que de simplement exister dans un monde où sa douleur était comparée à celle d’autrui sans cesse ?



Ce soir-là, elle rédigea une lettre à son attention, une activité qu'elle n'avait pas pratiquée depuis de nombreuses années.

« Léa, être en vie ne se traduit pas nécessairement par vivre pleinement. Il n'est pas nécessaire que tu minimises ta douleur à celle des autres, car ils ont vécu pire. Elle est authentique. C'est la tienne, et elle mérite toute ton attention. Un jour, les gens finiront par comprendre. En attendant, prends le temps qu'il te faut pour avancer. Apprends à t’aimer suffisamment, même si personne d'autre ne semble vouloir le faire correctement. »

Elle plia la lettre dans son journal. Ce n'était pas une solution, mais c'était un exercice efficace pour elle. Une manière de reconnaître que survivre ne suffisait plus. Elle désirait vivre. Et cela impliquait de laisser de la place pour sa propre voix, indépendamment des opinions de ceux qui la reniaient.


Fin.

Merci pour ta lecture et à très vite.

Ce récit est une oeuvre de pure fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

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