Calme toi ! Pt.2
- 14 oct.
- 3 min de lecture
« Oh, ça va, on est tous un peu déprimés !”
Darren était assis au bord de son lit, laçant ses chaussures. Son téléphone vibra sur la table de nuit avec un texto de son collègue Michael. Il lui disait : « Bonjour mon ami, tu es encore en retard mec. Le chef est furax. T’es encore dans ta phase bizarre ? »

Il fixa le message jusqu'à ce que les mots deviennent indistincts. Michael lui avait donné un avis assez direct la semaine précédente, quand Darren lui avait finalement avoué qu'il rencontrait de nombreuses difficultés ces dernières semaines.
« Dépressif ? Calme-toi, Darren. On connaît tous des moments de dépression. Il est essentiel de surmonter cela, mon ami. Va à la salle comme moi et t’arriveras à t’en sortir rapidement ».
Ces paroles résonnaient dans sa tête, tout aussi familières que le doux bruit de son climatiseur. Son père avait exprimé une pensée similaire il y a plusieurs années : « Déprimé ? T’es juste fatigué comme tout le monde. Va courir ou va draguer. Ça a bien fonctionné pour moi ».
Au fil des années, des amis, des collègues, et même des inconnus ont partagé leurs réflexions sur sa vie, balayant systématiquement sa souffrance sous un vaisselier imaginaire, comme on écarte les miettes d'une table.
Cependant, Darren était conscient qu'il ne s'agissait pas d'une simple dépression passagère. Ce n'était ni une période difficile, ni une journée maussade. Rien ne pouvait être résolu par un simple jogging et encore moins par de la drague. Se réveiller chaque matin en ressentant une lourdeur physique constante, à peine réussir à se traîner au travail, ne plus répondre au téléphone, et rester chez soi sans vraiment s’alimenter pendant des jours… C’était ça, son quotidien. C'était percevoir la vie à travers une vitre embuée, comme si le monde était devenu sourd et lointain. Il se sentait si accablé qu'il avait l'impression de sombrer, même lorsqu'il restait immobile.
Il avait tenté de se bouger, comme on lui avait si bien conseillé. Il faisait face aux jours difficiles, puis aux pires moments, ainsi qu'à ceux où il ressentait que tout s’intensifiait. Néanmoins, aucune solution ne permettait de soulager une telle charge mentale apparemment.
Le message de Michael retentit de nouveau et ainsi, Darren prit une profonde inspiration, puis répondit sans trop y réfléchir :
« Ok, mais je ne vais pas bien, je te l’ai dit. Je suis fatigué de faire semblant. D’ailleurs, la dépression n'est pas une épreuve que l'on peut simplement surmonter, informe-toi pour ne pas refaire la même remarque que la semaine passée. C'est sérieux. J'ai besoin d'aide et non de conseils dépourvus de sens. »
Il pressa le bouton d'envoi sans prendre le temps de réfléchir, puis il partit en saisissant ses clés. Il ressentait de la honte concernant sa situation, mais s’affirmer à cet instant lui fit comprendre qu’il était temps qu’il se défendre et de dialoguer avec les personnes qui seraient disposées à l’entendre.
Peut-être que Michael ne parviendrait pas à comprendre l’honnêteté de son message. Peut-être que personne ne le comprendrait. Toutefois, Darren ne se battait plus dans l'espoir d'être compris par autrui. Il luttait en son propre honneur, et cela lui suffisait pour le moment.
Fin.
Merci pour ta lecture et à très vite.
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