Le regard des autres
- 15 oct.
- 3 min de lecture
Emily se réveilla ce Lundi en prononçant son mantra quotidien : « Aujourd'hui, je me fiche de ce que les gens peuvent penser de moi ! ». C'était un rituel, un appel désespéré à l'univers, une façon de se protéger de sa peur constante du regard des autres. Malheureusement pour elle, ce rituel s'effondrait toujours quelques minutes après avoir verbalisé ces mots.

Dès qu’elle arrivait au bureau, la collègue d’Emily avait pour habitude de presque lui sauter dessus, pour lui demander de l'aide sur ses projets, alors qu'il lui revenait de s'en occuper toute seule. « Bien sûr », lui répondait habituellement Emily, alors que souvent, sa propre deadline se profilait à l'horizon.
De coutume, le week-end, son ami Liam l’appelait pour se plaindre de sa petite amie et Emily l'écoutait patiemment, puis lui donnait des conseils pour l'apaiser, suite à chaque dispute.
Telle était la vie d'Emily : un cycle constant de suppression de ses propres besoins et désirs, afin de satisfaire les autres. Elle était terrifiée à l'idée d'être désapprouvée, de paraître égoïste ou de sembler complètement inutile. Cette peur était née d'une enfance où les remarques de tous ne dépendaient que de ses réussites et de son obéissance. Pourtant, elle était bien plus que ça.
Un soir de juin, épuisée par une nouvelle journée à faire plaisir à autrui, elle s'effondra dans son lit : « S'il vous plaît », murmura-t-elle à personne en particulier dans l'obscurité, « je veux juste être libre ».
Le lendemain matin, Emily avait pris plus de temps pour se réveiller, se sentant quelque peu secouée et inconfortable, mais étrangement, elle avait aussi l’impression d’être très légère tout d’un coup.
Le nœud d'anxiété qu'elle ressentait en permanence au creux de son estomac avait disparu. Lorsque sa collègue Anne lui demanda de l'aide ce jour, Emily lui expliqua calmement qu'elle avait d'autres priorités. Liam l’avait aussi appelé ensuite et pour la première fois, Emily posa des limites fermes en lui disant qu'elle n'était pas la bonne personne pour le conseiller et qu’elle ne pouvait plus tolérer les mots qu’il exprimait envers la personne avec qui il partageait sa vie.
Ce fut tant libérateur pour Emily. Elle disait « non » plus souvent, elle exprimait ses opinions sans crainte et faisait de sa propre personne une priorité. Elle s’était même inscrite à un cours de poterie, une activité qu'elle avait toujours voulu pratiquer, mais où elle avait trop peur d'être médiocre et jugée.
Le monde ne s’était pas effondré, il s’était même amélioré à son avis. Quelques mois plus tard, même ses relations étaient devenues plus authentiques. Elles étaient enfin fondées sur le respect mutuel, plutôt que sur une quête constante d’approbation.
Un jour, sa collègue Anne s’était approchée d'elle, non pas pour lui demander quelque chose, mais pour s'excuser : « Je me suis rendue compte que j’abusais un peu… voire beaucoup, de tes services au boulot », avoua-t-elle.
« Tu as l'air différente maintenant Emily. »
Emily lui sourit, puis lui répondit : « Oui, je suis différente Anne, j’ai enfin compris que mon opinion personnelle comptait plus que celle des autres ».
La peur du jugement se manifestait parfois, vraisemblablement comme le fantôme de son passé. Toutefois, Emily disposait des outils nécessaires pour y faire face. Elle avait enfin trouvé sa voix, sa force, et surtout sa propre validation. Elle avait compris que l’apaisement ne résidait pas dans une transformation radicale, mais dans le courage de se détacher de ce que les gens pensent.
dring dring dring
Emily ouvre les yeux, regarde autour d’elle et se dit : « Oh Nooon ! Non ! NON ! Ce n’était qu’un rêve ??? Je dois retourner dans ce cauchemar qu’est mon quotidien ? Comme ça ? ».
Fin.
Merci pour ta lecture du Regard des autres et à très vite.
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