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Deux inconnus, deux vies

  • 15 oct.
  • 3 min de lecture

L'alarme de Marc retentit à 6 h 30 du matin.

Quelle horreur ! J’ai failli ne pas me réveiller et manquer le travail.

Il se leva abruptement, le cœur battant, puis il vérifia l’écran de son téléphone trois fois, avant de se traîner jusqu'à la salle de bains.


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Dans l'appartement voisin, l'alarme d’Hayden sonna à la même heure. Il grogna comme d’habitude, appuya sur le bouton « rappel » et s’étira longuement.

Cinq minutes de plus ne feront de mal à personne, je vais prendre mon café Colombien à emporter et puis voilà.

Les deux hommes atteignirent la station 'La Défense' de la ligne 1 à 7 h 50. Soudainement, la rame s’arrêta entre deux stations, suivie d’un bruit strident. Les portes se fermaient et s’ouvraient toutes les deux minutes. Marc se leva de son siège, car il sentait que ses paumes devenaient moites. Il savait déjà que l’hyperventilation n’était pas lointaine.

Et si on reste bloqué ? Je vais être vraiment en retard, ce n’est pas sérieux


Hayden était appuyé nonchalamment sur la barre du métro, les écouteurs aux oreilles. Sa tête se balançait discrètement de gauche à droite, au rythme des douces mélodies du rappeur Logic du Maryland.

Génial, maintenant j'ai une excuse pour aller à FootLocker avant le travail. De toute façon, j’aurais été en retard avec ces soucis de ligne 1.

À 9 h 45, Marc était assis à son bureau et fixait le brouillon d'un courrier manuscrit qu’il devait envoyer avant 15 h 30. Son patron lui avait demandé un rapport d’avancement également et le temps était compté.

Et si j’ai l'air incompétent, à cause de mon retard de quarante minutes ? Et si mon rapport fini par être plein de fautes ?

Il était déjà à sa troisième réécriture.


Hayden, dans un bureau similaire, mais situé dans une rue différente, avait tout de même attrapé deux croissants à la cafétéria de la boîte, avant d’aller s’asseoir à son bureau.

Voilà, maintenant que j’ai bien mangé, je peux tout attaquer sereinement.



À 13 h 20, un léger accident eut lieu à deux endroits différents. Marc et Hayden venaient de renverser du soda sur leurs pantalons respectifs, par simple et innocente maladresse. Marc fixait la tache qui s’étendait le long de sa cuisse.

Tout le monde va le remarquer et penser que j’me suis fait dessus. Oh la la !.


Hayden jeta un coup d'œil vers le bas et gloussa en allant aux toilettes.

J’suis trop nul, mais c’est marrant quand même, je vais attendre que ça sèche et puis on ne verra rien sur du jean, c’est pas un drame !

À 16 h 05, un collègue invita Marc au restaurant après le travail.

Il sourit avec raideur, sachant pertinemment qu’il allait décliner l’invitation, afin de rentrer chez lui et se détendre.

Et si je disais ou faisais quelque chose de stupide là-bas ?


Une collègue invita Hayden à un bar au même moment. Il sourit et répondit qu’il était partant, en ajoutant qu’après cette journée, c’était bien mérité.

J’ai bien besoin d’entendre un peu de musique et de relâcher la pression d’aujourd’hui.

À 17 h 20, Marc fixait encore le sol, assis sur la chaise qui était sur son petit balcon parisien, avec l'esprit en ébullition complète.

Pourquoi n'ai-je pas dit oui à l'invitation ? Maintenant, ils vont penser que je suis antisocial ou que je les méprise.


Pendant ce temps, Hayden se prélassait sur un grand canapé deux places dans un bar avec pianiste, riant avec ses collègues et bien satisfait, après avoir bu une bonne bière fraîche avec eux.

Ce fut une bonne nuit dans l'ensemble, j’aurais été au bout de ma vie si j’étais resté à la maison après le boulot.

Deux hommes, deux adresses, deux vies, deux façons de penser et de (perce)voir les choses.

Le monde de Marc était un labyrinthe d'hypothèses, chaque virage se resserrant autour de lui.

Le monde d’Hayden ? Une route large et ouverte, avec des bosses qu'il remarquait peu.


Cependant, il fut un temps, les rôles furent inversés…


Aucun des deux ne savait que l'autre existait, mais chacun vivait la preuve que : ce n'est pas la journée qui nous définît, mais la façon dont nous la portons.


Fin.

Merci pour ta lecture et à très vite.


Ce récit est une oeuvre de pure fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

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