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Un voyage en Grèce

  • 27 sept.
  • 4 min de lecture

Julio et Naïm ont beau être jumeaux, ils ne pourraient pas être plus différents. Julio, avec son attitude prudente, est le plus silencieux, il s’efface souvent. Il manque beaucoup de confiance en lui, ce qui est tout l'inverse de son frère Naïm qui semble en avoir sans effort. Naïm est un tourbillon d’énergie, il est passionné, motivé, mais constamment distrait. Son TDAH l'empêche de rester concentré depuis plusieurs années, ce qui lui vaut d'être souvent étiqueté comme le fauteur de troubles, même à 19 ans.

Bien qu'ils partagent une chambre, ils échangent rarement sur leurs pensées et ressentis. Dans leur famille, la vulnérabilité n’est pas la bienvenue. Leur père, un homme strict, pense que les vrais hommes ne parlent pas de leurs difficultés. La santé mentale est un sujet tabou chez eux et les émotions sont refoulées. Cette règle tacite de la masculinité, façonnée à la fois par cette famille et par la société, les maintiens dans le silence depuis des années.



Deux frères jumeaux qui se battent pour embarquer dans leur avion en direction d'athénée en Grèce, en premier.


Tout change, lorsque leurs parents décident de les envoyer en Grèce pour un voyage d'une semaine. Les garçons ne sont jamais partis ensemble auparavant et bien que l'idée les gêne sur le moment, c’est aussi l'occasion de s'évader, d'échapper aux attentes, à la pression et au rappel constant du peu de compréhension qu'ils semblent avoir l'un pour l'autre.

Dans l'avion pour Athènes, la tension entre eux reste palpable. Naïm s’agite sur son siège, incapable de rester assis, tandis que Julio se plonge dans un livre, tentant de se débarrasser du bruit du monde et de son frère. Une fois sur place, ils profitent d'une liberté différente, d'une légèreté inconnue chez eux, comme si le ciel ouvert et les ruines antiques leur offraient une nouvelle vision du monde.

Ils passent les premiers jours à faire les touristes, à escalader les collines escarpées de Santorin et à se promener dans les ruines de l'Acropole. La beauté qui les entoure est indéniable, mais malheureusement, la distance qui les sépare l'est tout autant. L'agitation de Naïm se heurte au besoin de paix de Julio et à certains moments, le voyage semble être une erreur.


Ce n'est qu'au quatrième jour, alors qu'ils s’assoient sur une plage tranquille près de Mykonos, que quelque chose évolue. Le soleil se couche, jetant une teinte dorée sur l'eau et pour la première fois, ils ne sont pas pressés. Ils ne sont pas distraits. Ils sont juste là, ensemble, dans la tranquillité du moment. C’est d’une rareté incroyable.

Naïm rompt le silence le premier.

« Est-ce que parfois, tu as l'impression de ne pas être à la hauteur ? » demande-t-il d'une voix plus douce que d'habitude. Il ne regarde pas Julio, mais fixe l’horizon avant de poursuivre : « Comme si tu forçais au max, mais sans jamais arriver très loin, comme si ton coeur battait à cent à l’heure, que tes pensées s’embrouillaient et que personne ne le comprenait ? »

Julio est décontenancé. Il n’a jamais entendu son frère parler ainsi. Il se montre vulnérable et honnête. Il hésite, ne sachant que répondre, mais il réalise que c’est l’occasion qu'il attendait : celle d'être enfin vrai avec Naïm..


« Oui », répond Julio à voix basse. « Mais pour moi, c'est plutôt comme si j’étais toujours coincé. Comme si je n’avais pas assez de choses à dire ou à faire pour mieux avancer ou avancer tout court carrément. »

Ils sont maintenant assis en silence près de la piscine de l’hôtel, mais cette fois, ce n’est pas inconfortable. C’est le genre de silence qui laisse place aux choses qu'ils ne disent jamais.

« Je comprends », dit Naïm au bout d'un moment. « Tu sais, c'est difficile d'être près de toi parfois. Tu es toujours si calme, si bien dans ta peau. Et j'ai l'impression d'être toujours en train de ramer à contre-courant. »

Julio secoue la tête. « Je ne suis pas si bien dans ma peau que ça, je le cache peut-être mieux, c'est tout. » Il marque une pause et cherche les mots justes. « Je n'ai jamais vraiment eu l'impression d'être assez bien. Comme si je pouvais être plus que la personne que je suis aujourd’hui, quelqu’un de plus confiant au moins. »

Cet aveu lui fait l'effet d'un poids sur les épaules qui s’allège, un poids qu'il ne savait même pas qu'il portait.


Leur conversation ouvre une porte. Au cours des jours suivants, ils parlent davantage de leurs insécurités, de la pression qu'ils ressentent pour être à l’image de leur père et des règles patriarcales qu’ils ne soutiennent pas. Ils s’entendent sur le fait qu’il est difficile de grandir dans un monde qui attend d’eux qu'ils soient forts et qu'ils ne montrent jamais leurs souffrances et difficultés librement. Leurs parents leur partagent que la vulnérabilité est honteuse, même si c’est ce dont ils ont le plus besoin.

Au moment où ils prennent l'avion pour rentrer chez eux, quelque chose change entre eux. Le mur qui les sépare depuis tant d'années commence à s'effondrer. Ils se comprennent comme jamais auparavant et ils ne se sentent plus si seuls dans leur combat.

Le voyage en Grèce n’est pas que vacances, c’est aussi une révélation. Dans ces moments de transparence et d’authenticité, Julio et Naïm commencent à grandir et guérir. Ils réalisent que leur santé mentale est importante et que parler de leurs ressentis n’est pas une faiblesse, mais une force qui leur manque depuis le début.


Fin.

Merci pour ta lecture d'Un voyage en Grèce et à très vite.


Ce récit est une oeuvre de pure fiction. Par conséquent toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

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