PSYCHOTHÉRAPIE EN LIGNE
Ma position en tant que psychopraticienne (praticienne en psychothérapie)
Entre la perception de l'illégalité, la certification et l'incompréhension.
Lettre ouverte :
Face à un sujet qui crée polémique et confusion, je tenais à m’exprimer afin d’y apporter un peu plus de clarté concernant ma situation personnelle ainsi que celle de mes confrères/consœurs CERTIFIÉS.
Il fut un temps, le métier de psychothérapeute était libre d’accès et tout le monde pouvait y prétendre.
Suite à la réglementation du titre de psychothérapeute en 2004 puis de sa modification définitive en 2010 qui appuie le besoin de posséder un master en psychologie, d’effectuer 400h de stage puis de figurer sur le registre national des psychothérapeutes, de nouvelles mesures ont été appliquées.
Après s’être concertés, les syndicats représentatifs (constitués de psychologues, psychiatres, doctorants et psychanalystes) du titre non réglementé ont décidé d’ajouter une nouvelle appellation au lexique psy, qui est : psychopraticien.
S’en est suivie des propositions de formations certifiantes et encadrées.
Cette appellation a ensuite été protégée par un dépôt à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) en 2009.
Mais ce mot que veut-il dire ? Est-ce une façon de contourner le titre de psychothérapeute et de psychologue ? Est-ce un moyen d’exercer dans l’illégalité ? Sans diplôme ? Est-ce un moyen de profiter des patients ?
Initialement, soyons honnêtes, c’est ce que je pensais donc j’avais mes réserves et j’ai dû m’informer longuement afin de mieux comprendre. Je vous ai déjà raconté plusieurs fois sur le compte Instagram de @parle.atonpsy à quel point mes problèmes de santé et mes positions géographiques changeantes m’ont empêché de me lancer dans des études de psychologie en présentiel et comment j’ai fini par choisir la formation de praticien en psychothérapie et psychanalyse.
Mais en détails, c’est quoi ce métier ?
Être psychopraticien CERTIFIÉ, c’est suivre une formation en psychothérapie (et psychanalyse pour moi) qui peut durer jusqu’à 4 ou 5 ans (cela peut être plus long si il y a besoin de se former en spécialités spécifiques etc.).
Lors de cette formation, les cours enseignés en écoles (majoritairement privées) sont assurés par des psychologues, des psychiatres, des doctorants et des psychanalystes qui travaillent en annexe avec les Universités (cf : Aix-En-Provence pour moi).
Afin d’obtenir notre certification nous devons :
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nous former en psychologie clinique, en psychopathologie et en psychanalyse
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maîtriser les aspects théoriques et pratiques de plusieurs approches thérapeutiques (la psychologie analytique, l’analyse Transactionnelle, la PNL, les TCC, la thérapie des schémas, l’ACT, l’approche humaniste, la systémie etc.)
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effectuer une analyse personnelle de 200h minimum afin de comprendre en profondeur les mécanismes de la psychothérapie et notre propre fonctionnement psychique (j’ai effectué les miennes avec un psychanalyste et un psychologue clinicien)
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être en supervision tout le long de son exercice (la mienne est effectuée avec un psychologue clinicien)
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Suivre des stages, des conférences, assister à des regroupements
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fournir 1 à 2 mémoires avec soutenance en fin de cursus pour valider nos années d’études
Suite à cela, il est fortement conseillé d’adhérer au Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie (SNPPsy) ou à la Fédération Française de Psychothérapie et Psychanalyse (FF2P) afin d’exercer sans contraintes.
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Qu’est-ce qu’être praticien en psychothérapie selon la FF2P : https://www.ff2p.fr/etre-praticien-de-la-psychotherapie/
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Code de déontologie du praticien en psychothérapie selon le SNPPSY : https://www.snppsy.org/deontologie/code-de-deontologie
Mais après une période d’apprentissage si longue, la question qui revient le plus est : pourquoi ne pas avoir choisi un cursus universitaire dès le début ?
Je ne peux répondre que pour moi et comme cité plus haut, beaucoup de facteurs sont rentrés en compte (santé aggravée, carrière à côté, cursus universitaire en langues et civilisation déjà engagé, manque de places, déménagements etc.), ce qui a fait que j’ai fini par faire un choix que je ne regrette pas : m’inscrire à l’E.F.P.P (aujourd’hui mes formations de spécialisations se déroulent au CERFPA qui est une école agrémentée auprès de la FEDE).
En tant que psychopraticiens, nous offrons un suivi thérapeutique encadré aux patients et nous nous devons de respecter le code de déontologie qui nous est imposé comme n'importe quel autre professionnel.
J’accorde la plus haute importance à tous les métiers qui figurent dans le champ psychologique et c’est bien pour cela que je travaille en annexe avec des psychologues cliniciens (qui usent de différentes approches), car très souvent les patients/clients ne savent plus où donner de la tête avec toutes ces appellations.
Je pense que c’est à nous en tant que psychopraticiens, de fournir le plus d’informations possibles afin d’orienter le patient/client vers le bon professionnel, car notre titre n’est pas encore reconnu par l’état et est abusé de tous les sens par des individus sans aucune formation et qui se basent sur leurs expériences personnelles (cf : coachs non certifiés, thérapeutes sans diplômes et consorts).
Honnêtement, je pense et j’espère fortement que le titre de psychopraticien sera réglementé bientôt également car cette situation devient similaire à nager en eaux troubles à force.
Ma position de psychopraticienne est complètement différente du métier réglementé de :
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psychiatre, car nous ne sommes pas médecins
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psychologues et de psychothérapeutes car nous ne pouvons pas nous occuper de tous les sujets (ex : dépression, TCA, violences physiques, violences sexuelles, addictions, troubles psychiatriques, traumas sévères etc.). Tout ceci figure sur mon site en rouge, afin que personne ne soit perdu lorsque je redirige vers le professionnel adéquat avant même que la première consultation soit acceptée (utilité du formulaire obligatoire).
Mon but est d’accompagner mes patients/clients vers leur développement personnel, la gestion du stress, l’accueil des émotions, les changements de vie, les difficultés relationnelles, l'affrontement d'obstacles légers, les coming-outs, les conflits parentaux, les instabilités dans le couple, l’anxiété, la peur de l’abandon, les ruptures, le rejet, la communication, la confiance en soi, la charge mentale etc.
Tout de même, il ne faut pas omettre que le psychopraticien relationnel certifié a été longuement formé afin de développer ses connaissances en psychothérapie, en psychologie et en psychopathologie et fournit bel et bien un suivi PSYCHOTHÉRAPEUTIQUE et mérite sa place dans le champ « PSY » avec les autres confrères/consœurs.
Au début, je n’étais pas à l’aise avec ce mot « confrères » jusqu’à ce que mes collègues psychologues me disent que nous sommes dans la même équipe, que notre but est d’aider les autres et que tant qu’il y a RESPECT FORMEL DES LIMITES, nous sommes confrères et consoeurs (ceux qui se mettent en travers de cette perspective le font souvent car ils ont eu de mauvaises expériences avec des psychopraticiens qui ont fait n’importe quoi avec leurs patients, car ils ne peuvent défendre une pratique non réglementée, car à leurs yeux on leur vole leurs patients, car ils ne comprennent pas l’utilité de ce titre etc.).
Personnellement, je comprends la frustration de certains tout simplement car je n’aimerais pas que quiconque s’improvise traducteur par exemple et me vole un contrat alors que j’ai passé des heures de ma vie à la FAC à suivre des cours sur la littérature et l’histoire des civilisations étrangères. Personnellement, ce n’est pas ce que je fais, j’ai trop de respect pour les métiers du champ psychologique pour cela et la santé psychique est à prendre au sérieux.
Néanmoins, nous sommes présents et je préférerais fortement qu’on se comprenne et qu’on travaille ensemble (dans la mesure du possible) plutôt que de se faire attaquer sur les réseaux. Et là je précise encore que je ne parle que des professionnels CERTIFIÉS.
Dans tous les cas, nous ne seront jamais tous d’accord, ce serait utopique pour moi de dire qu’on arrivera à une entente totale alors qu’il y a toujours des tensions : psychiatres vs psychologues (et vice versa), psychologues vs psychothérapeutes (hors master), psychologues vs psychopraticiens, tout le monde vs les coachs de vie etc.
Avec un compte Instagram qui ne cesse de grandir, j’évite de faire de la pub flagrante pour moi-même en ce qui concerne les entretiens/consultations (même si je devrais), car je préfère rediriger vers des médecins traitants, des psychologues, des psychiatres et des psychanalystes directement, c’est pour cela que sous mes posts vous verrez souvent la mention « veuillez vous rapprocher d’un.e professionnel.le de la santé mentale ou contactez un numéro d’urgence » et non « contactez moi » et c’est pareil en messages privés. Lorsque quelqu’un clique sur mon site, je préfère que ce soit sans influence externe ou soudoiement, car mon compte a une vingtaine de milliers d’abonné.es.
Instagram est une plateforme que j’adore car elle permet de véhiculer son message, depuis le début, le mien c’est : faites de votre santé mentale une priorité ! Le but premier reste d’informer et de réduire les préjugés autour de ce sujet en particulier.
Je ne suis pas influenceuse, d’ailleurs je trouve que ce terme est déplacé et ce, même si j'encourage mon audience à aller consulter le professionnel adéquat.
J’amène la santé mentale au premier plan car la psychologie est un champ qui me passionne et car je pense qu’il y a de plus en plus de souffrances qui restent ignorées.
Sachant que la psychothérapie n’est pas accessible à tous, parfois je propose des alternatives comme des programmes ou des documentations (passées en revue par mes confrères psychologues) également.
Pour conclure, être psychopraticien est selon moi un métier à part entière et distinct de celui de psychologue par les limites et les règles qui l’entoure.
Je ne le considère ni illégal, ni comme une arnaque ou un abus de pouvoir sur les personnes vulnérables (sauf si il est exercé sans certification). Je soutiens le besoin de reconnaissance par l’état, afin que la confusion cesse de régner autour de cette appellation qui clairement ne sera pas la dernière.
Bien à vous.
Ingrid.