Bonus : Ellie et Fabien en thérapie
- 14 oct.
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Fabien s’installe sur le divan du thérapeute familial à côté de sa fille Ellie, âgée de 10 ans et demi, pour leur deuxième consultation avec leur psychologue familiale : Mme Vaillant. La raison de leur venue est liée au fait qu’ils semblaient tous deux en proie à deux formes différentes de burn-out.

La psychologue est assise face à eux, un carnet de notes sur les genoux.
« Bonjour Ellie, bonjour Fabien. Comment allez-vous aujourd’hui ? Avez-vous eu l'occasion d'échanger et d'effectuer quelques-uns des exercices que vous deviez choisir ?
— Nous l'avons fait... Un peu. Enfin, je l'ai fait quand j'y ai pensé. Je pense qu'Ellie a été plus douée que moi. Elle a choisi les exercices de respiration et le journaling. Il faut que je rattrape mon retard, dit Fabien en riant timidement.
— J’ai essayé les exercices de respiration à l'école quand j'avais l'impression de ne pas pouvoir finir mes devoirs de maths, et j'ai commencé à tenir un journal dans un joli petit carnet rose et jaune que papa m'a acheté juste après notre premier rendez-vous. Ça m'a un peu aidé... mais je me sens toujours fatiguée, ajoute Ellie en haussant les épaules et en balançant nerveusement ses jambes.
— C'est un bon début, Ellie. Ce n'est pas facile d'essayer de nouvelles choses, surtout quand on se sent épuisé ou effrayé. Qu’avez-vous ressenti quand vous avez essayé, Fabien ? Ce n'est pas grave si ce n'est pas beaucoup, affirme la psychologue.
— Honnêtement, les exercices de respiration m'ont fait du bien, mais l'écriture n'est vraiment pas mon truc. D'ailleurs, je suis désolé si je parais vieux jeu, mais est-ce que les hommes ont l'habitude de tenir un journal ? On dirait que c'est une activité plutôt féminine, dit Fabien après avoir donné un coup de coude à Ellie pour la faire rire de sa blague.
— Papa, oh là là, t’es pas marrant, et puis c'est une blague sexiste, tu devras mettre deux euros dans la boîte à bêtises. Certains garçons de ma classe ont aussi des petits carnets, tu sais. Je ne sais pas ce qu'ils y écrivent ou dessinent, mais ils les ont.
— Je plaisante, chérie, je suis désolé, ce n'était pas drôle, tu as raison. Je veux bien essayer de tenir un journal, Mme Vaillant, mais il faut juste que je prenne le temps de le faire, car je jongle entre le travail, Ellie, la maison et d’autres responsabilités. Je dois tout bien faire, vous voyez ce que je veux dire ? ».
Ce qui incite Ellie à lui prendre la main pour le rassurer.
« Tu me dis toujours qu’il est normal de faire des erreurs, papa.
— Absolument, mais il est parfois plus difficile d'écouter nos propres conseils, répond son père.
— C'est très perspicace de votre part. Vous vous imposez tous les deux des responsabilités et des objectifs exigeants. Fabien, vous vous dévouez pour Ellie et, d’une certaine manière, elle fait pareil. Ellie, tu t'efforces toujours d'être la première de la classe et de te rendre utile, afin de rendre ton père fier de toi. Cette intention doit être maintenue autant que possible, sans trop vous contraindre. En ce qui concerne vos comportements, vous n’êtes pas obligés d’en faire autant, car l’affection profonde existe déjà entre vous. Vous ne vous décevrez pas l’un et l’autre.
— Je ne veux pas rendre les choses plus difficiles pour lui. Il est souvent fatigué, explique Ellie en fixant ses jambes, la tête baissée.
— Chérie, tu ne rends pas les choses plus difficiles. C'est pour nous que je fais tant d'efforts. Tu es tout pour moi et je prendrai toujours soin de toi, assure Fabien d’une voix calme.
— Parfois, l'amour peut nous donner l'impression que nous devons être parfaits pour l'autre, même lorsque nous avons nous-mêmes des difficultés. Et si, au lieu de tout porter seuls, vous essayiez de travailler en équipe et d'être une force, sans vous mettre la pression pendant quelques semaines ? Rebondit la thérapeute.
— Com... comment ? Demande Ellie.
— Vous pourriez peut-être partager vos ressentis plus souvent et faire des exercices de respiration ensemble ou d’autres activités amusantes. Fabien, au lieu de dire à Ellie que c'est normal de faire des erreurs, vous pourriez peut-être lui parler des erreurs que vous avez commises dans le passé. Ellie, tu pourrais parler à ton papa quand tu sens que l'école te semble difficile, quand tu as trop de tâches à accomplir ou quand tu t’inquiètes pour quoi que ce soit, ainsi il pourra te soutenir davantage.
— C'est logique... Je pense que nous avons tous les deux essayé de nous protéger en gardant des choses pour nous, confie Ellie.
— C’est vrai. Et puis, il est normal de demander et d'obtenir de l'aide. Fabien, vous m’aviez dit que votre mère était venue vous aider il y a quelques jours, comment cela s'est passé ? Questionne Mme Vaillant.
Ellie et Fabien se regardent et explosent de rire
« Elle est toujours là, disent-ils à l'unisson.
— Oh, alors c'est super, vous n'êtes pas obligés de tout faire tout seuls, et si des personnes bienveillantes veulent vous tendre la main, pourquoi ne pas les laisser faire ?
— Je le reçois, répond Fabien en tournant la tête pour faire un clin d'œil à Ellie.
— Papa, si je te parle de l'école, tu me parleras de ton travail et d'autres choses personnelles ?
— Je ferai de mon mieux, ma chérie, dit Fabien en prenant la main de sa fille dans la sienne.
— Très bon début. N'oubliez pas que le burn-out n'est pas un faux-semblant, qu'on ne se plaint pas pour rien et que non, tout le monde n'en souffre pas. Il vaut mieux le prendre au sérieux, surtout à l'âge d'Ellie. C'est exactement ce que vous faites déjà tous les deux, que ce soit ici, ou chez vous. Vous vous soutenez et vous vous appréciez toujours autant. De plus, la présence de ta grand-mère est une bonne chose, n'est-ce pas, Ellie ? Je parie qu'elle te gâte beaucoup. Devrais-je l'inviter à une consultation ? Est-ce que cela vous plairait ? ».
Ellie et Fabien prennent une grande inspiration et s’esclaffent à nouveau
« Pourquoi pas, elle est parfois autoritaire, mais elle m’aide vraiment. À mon âge, je ne suis pas contre l'idée qu'on s'occupe de moi quand les choses deviennent pesantes. Puis oui, elle gâte beaucoup sa petite-fille, ce dont Ellie a bien besoin en ce moment. N'est-ce pas ?
— Absolument, déclare Mme Vaillant ».
À la fin de la séance, Fabien et Ellie se sentent satisfaits et de nouveau pleins d’espoir, comme à la première consultation. Alors qu’ils se dirigent vers la voiture, Ellie s'arrête et demande à son père :
« Alors, papa, pourquoi tu n’as pas de petite amie ?
— Hum… pizza ? Tu viens de dire que tu voulais manger une pizza ? Fabien esquive comme un pro, car il n’est pas encore prêt à en parler avec sa fille ou à être avec quelqu'un après avoir perdu sa femme.
Fin.
Merci pour ta lecture et à très vite.
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